Connu pour ses portraits de femmes nues à la sexualité décomplexée, Helmut Newton était considéré comme l’un des plus grands photographes du XXe siècle. Mais la révolution sexuelle ayant fait place au politiquement correct, comment aborder son art aujourd’hui ? Les magazines de mode oseraient-ils encore commander ses nus provocants ? C’est le débat que soulève « Private Property », la toute première exposition consacrée à l'œuvre du sulfureux photographe en Espagne. Récemment inaugurée à la galerie FotoNostrum de Barcelone, elle réunit ses clichés les plus emblématiques, entre exhibitionnisme féminin et voyeurisme masculin.

Un débat qui dure

« Avec ses photographies insolites et parfois provocantes, Newton faisait littéralement sursauter les lecteurs qui feuilletaient le magazine », explique Matthias Harder, directeur de la Fondation Helmut Newton à Berlin. « Aujourd'hui encore, son œuvre est controversée. C’était un esprit libre et je trouve cela formidable. » Il ajoute que la plupart des travaux de l'artiste étaient des commandes pour des magazines, à l’instar de la photo « Saddle I, Paris, 1976 », qui représente une femme à quatre pattes sur un lit avec une selle sur le dos.

La thème de la vanité humaine était récurrent dans les photos d’Helmut Newton, et il reste très pertinent aujourd’hui avec l'essor des réseaux sociaux. « C’est un sujet très actuel qui l’aurait sans doute beaucoup intéressé », dit Matthias Harder. « Mais je pense que la censure de certaines images l'aurait dérangé. »