巴黎蒙马特优雅公寓的现代化改造

Dans la salle à manger, les fenêtres en enfilade sont habillées avec des rideaux faits sur mesure par un artisan tapissier (Rémi Marilleau). Ces rideaux en damier créent un camaïeu de textures (divers cotons et lins upcyclés) et de blancs qui filtre la lumière et apporte de la douceur à la pièce. Les chaises ont été chinées par l'architecte (Thonet, Gascoin, Jacober) et la grande table en bois aussi. Au plafond est accrochée une suspension Akari 45A de Isamu Noguchi. © Élise Helm

Derrière Montmartre, dans un quartier moins prisé par les touristes, l'agence d'architecture Tonale a entrepris de rénover un appartement au quatrième étage d'un immeuble haussmannien. La vue donne sur les autres façades de la rue, faites de pierres, parfois de briques. Le soir, c’est comme une pièce de théâtre : on aperçoit ses voisins, on peut être vu, mais chacun vit chez soi sans trop se soucier du regard des autres. Le matin, l'appartement qui est orienté plein est, offre une lumière douce. L'idée du projet de rénovation était de « créer un appartement qui ne soit pas trop froid, explique Antoine Lachaux, architecte et fondateur de l'agence Tonale, un endroit chaleureux, avec une atmosphère intérieure agréable. » L'architecte convoque plusieurs styles, des éléments de mobilier rustique rencontrent ainsi des pièces de design italien. Dans cet intérieur, la hauteur sous plafond est importante et les teintes respectent une palette de tons naturels. Visite privée d'un lieu qui, d'après celui qui l'a conçu, inspire « sérénité, élégance et confort. »

Dans la grande pièce à vivre, une console sculpturale en laque verte (Joris Poggioli), des appliques Giuseppe Cormio (Guzzini, Modernariato) et un vase chiné (Armani Casa vintage). Les radiateurs ont été positionnés sous les fenêtres afin de libérer les murs. © Élise Helm

Le style haussmannien conservé

« Depuis la rue jusqu’à l’appartement, il y a une continuité de style », raconte Antoine Lachaux, qui, au lieu de simplement converser le style haussmannien préexistant, a choisi de le renforcer. « On a refait des moulures là où les précédents occupants les avaient supprimées, témoigne l'architecte. Et la cheminée fonctionne aussi. » L'agence Tonale accentue également les marqueurs haussmanniens grâce à une circulation en façade qui permet de profiter des quatre fenêtres en enfilade. « Avant, il y avait une chambre qui rendait la pièce du séjour plus petite, détaille l'architecte, mais on a modifié tous les accès pour retrouver une circulation en façade entre le salon et la chambre, et ça, c’est typiquement haussmannien. » Désormais, la pièce de vie principale occupe deux tiers de la surface totale de l'appartement. À ce style haussmannien, l'agence Tonale a cependant souhaité « rajouter une lecture un peu plus contemporaine. » Avec la cuisine en bois par exemple, où le plan de travail moderne passe presque inaperçu. Les lignes des éléments qui ont été fait sur-mesure sont pures, mais globalement, « on entre dans un univers haussmannien », conclut l'architecte.

Dans le séjour, un canapé chiné et retapissé Togo (Michel Ducaroyle), un fauteuil Barcelona (Mies van der Rohe), une paire de paire de fauteuils chinés Plona (Giancarlo Piretti), une table basse chinée et un lampadaire Panthella (Louis Poulsen). Sur la cheminée, un bougeoir (Muller van Severen).© Élise Helm

Du mobilier qui se complète

En matière de mobilier, l'architecte explique avoir « cherché une cohérence. » Celle-ci se manifeste par un mélange de styles : rustique, design italien, brutalisme… « Il y avait cette envie d’un appartement qui soit élégant, haussmannien, mis en valeur par le mobilier, mais surtout d'un endroit dans lequel les gens se sentent bien. » Quelques pièces singulières ont leur importance (le canapé Togo, le fauteuil Barcelona), mais « rien de too much », la majorité du mobilier est de seconde main. « On est allés chercher des pièces plus rustiques, qui ont une certaine épaisseur. » Tous les matériaux sont travaillés sur des tonalités douces et naturelles, ponctuées par la présence de touches colorées, « pour que l’espace soit appropriable et que les éléments en bois chinés de différents endroits et de différents styles soient mis en valeur. »

À l'origine, une partie du sol était recouverte de carrelage. L'architecte a rénové et posé du parquet ancien à la place, comme s'il avait toujours été là. Les murs sont revêtus d'une peinture couleur crème.© Élise Helm

L'omniprésence du bois

Le bois, qui est présent dans la plupart des pièces, aide à établir un lien entre les espaces. « Le bois n'est pas forcément noble, mais c'est un matériau qui est chaleureux et qui parle à tout le monde », précise l'architecte. Il existe plusieurs essences de bois différentes. Dans la cuisine, l'essence est graphique, « on voit vraiment les nervures. » Le bois est chaud et a été travaillé avec un vernis plus ou moins dense sur les panneaux, plusieurs nuances qui permettent de faire vivre cette composition. « Ce ne sont pas juste des façades lisses, le bois est un matériau qui vibre. » Le plan de travail en béton a été coulé et poli sur place. Semblablement au bois, ce béton présente quelques subtilités et imperfections, une légère porosité et des traces de graviers sont apparus après le polissage. Les deux matériaux s'unissent, contrastent, se complètent. « Le bois fait aussi écho au parquet de l’appartement, ajoute l'architecte. Je trouve ça intéressant d’avoir à la fois le sol en bois, puis sur un autre plan, en élévation, des éléments également en bois. » Que ce soit dans la cuisine, dans la chambre, dans le séjour, ou dans la salle de bain, la chaleur du bois est également contrastée par la présence du métal. Les éléments en métal argenté, que ce soit la robinetterie, les poignées, les interrupteurs, la vasque de la salle de bains, le mobilier, ou les luminaires, qu’ils soient chromés ou brossés, font le lien. Et comme l'indique Antoine Lachaux, « c’est dans le rapport entre les petites échelles que ce projet a aussi un intérêt. »

Dans la cuisine, le sol est en béton ciré, de couleur crème. Les murs sont également recouverts d'une peinture crème. Le tabouret brutaliste et l'étagère en bois (sur la gauche, à l'entrée de la cuisine) ont été chinés. © Élise Helm

Les façades de la cuisine sont en bois, une teinte chaude qui a été vernie.© Élise Helm

Le jeu de la hiérarchie des espaces

« Comment faire pour que chaque espace fonctionne comme une entité seule, sans empiéter sur les autres pièces ? », s'est demandé Antoine Lachaux. Pour répondre à cette interrogation, l'architecte a reconsidéré la distribution des pièces, mais ce sont finalement les accès qui ont été modifiés. Résultat, il n’y a dans l'appartement aucun couloir. Les connexions sont fluides et les espaces parfaitement hiérarchisés. La cuisine, par exemple, a été travaillée comme une alcôve de la salle à manger. Proche et dissociée à la fois, elle assure proximité et indépendance d'usage. « La cuisine est accessible sans qu'on ait toujours le nez dedans. » Plus loin, la séquence chambre-salle de bain est indépendante du reste. « Lorsque l'on est dans la chambre, on se sent vraiment dans la chambre », et ce grâce à une porte du dressing qui donne accès et masque la pièce d'eau. Il s'agissait, ici, d'« instaurer une hiérarchie entre les espaces. »

Le plan de travail en béton beige a été coulé et poli sur place (Atelier Trium). © Élise Helm

Dans la chambre, une cheminée a été enlevée pour gagner de la place. Du parquet ancien rénové a été posé et les murs ont été revêtus d'une peinture couleur crème. Les rideaux blancs ont été faits sur mesure par un artisan (Rémi Marilleau). En guise de table de nuit, tabouret chiné. Au mur, une applique chinée modèle A5 d'Alain Richard (Pierre Disderot) et la poignée de la porte (Zangra).© Élise Helm

L'accès à la salle de bains est masqué par l'une des portes du dressing, dans la chambre. Le sol de la salle de bains est en béton ciré. © Élise Helm

Dans la salle de bains, les murs sont revêtus d'un damier de faïence blanche, légèrement texturée. Le plan de travail et la vasque, en inox.© Élise Helm

Dans les toilettes, le sol est en béton ciré et les murs sont revêtus d'une peinture couleur crème. Une étagère en bois vernis est accrochée au mur. Le WC Callipyge sculptural en céramique orangée (Trone).© Élise Helm