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Devant la cheminée en marbre d'Andrée Putman, un fauteuil blanc Jacques Adnet, 1939 (Galerie Lefebvre) et deux tables d'appoint laquées noires de Thanh Le, 1950. À droite, un fauteuil et une table basse d'André Groult, ca 1918 (Galerie Maxime Flatry) et une table d'appoint Art déco africaniste. Au fond, l'escalier en métal époxy gris d'Andrée Putman se prolonge en mezzanine. Tapis d'Ivan Da Silva Bruhns, 1925 (Galerie Deroyan).
Matthew Avignone
L’histoire démarre il y a quatre ans. Alors en pleine séparation et se retrouvant sans toit, la décoratrice et design advisor Marie-Anne Derville appelle un de ses oncles, ancien marchand de biens passionné par le patrimoine du Marais qui, dans les années 1980, avait eu l'opportunité de s’occuper de l’hôtel d’Hallwyll, réalisé par Claude-Nicolas Ledoux. Grand mondain parisien, esprit conservateur autant qu’avant-gardiste, il en avait à l’époque conservé un lot dont il avait confié l’architecture d’intérieur à Andrée Putman, très bonne amie à lui. « L’appartement réalisé par Andrée Putman est très surprenant sur de nombreux plans, entre exercice de style, concept architectural et projet fonctionnel fantasmagorique… J’étais censée n’y faire que passer mais j’y ai habité presque trois ans. C’est un lieu fascinant, ne serait-ce que par l’hôtel particulier lui-même et son contraste assez fou avec l’intérieur de l’appartement. »
Toujours dans le salon, derrière un fauteuil de Louis Süe et André Mare, 1940, un lampadaire d'André Groult, 1918 (Galerie Maxime Flatry) et une œuvre de Josef Beuys, 1970.
Matthew Avignone
L’âme d’un lieu
Marie-Anne Derville s’installe donc dans cet appartement inhabité depuis des années où demeurent quelques pièces de mobilier de son oncle, collectionneur passionné d’Art déco. Un lieu charmant empli d’âme, pas totalement policé, presque décadent – certaines choses tombent en morceaux – sans électricité depuis trois ans, dans lequel elle s’installe petit à petit. Elle ne touche rien. Tout est là dans son état. « J’étais une locataire, je me suis glissée dans les lieux pour les révéler. Je n’ai pas tout changé, l’endroit m’a encouragée à y développer mon style, il m’a inspirée et m’a fait évoluer. Andrée Putman, c’était un mélange de classicisme et de radicalité, très contemporain et en même temps très intemporel, c’était un terrain de jeux formidable pour y développer ma vision basée sur l’élégance et l’éclectisme. » Une vision qui rencontre celle d’Andrée Putman : ancré dans son époque, sans passéisme, même si rien ne remplace la profondeur de l’histoire.
Dans la cuisine, un fauteuil colonial de style africaniste (ca 1940) fait face à une sculpture en céramique de Laure Prouvost Théière langue, 2017 (Galerie Nathalie Obadie) sur la table. Sur le rebord de la fenêtre, une série de masques africains. Tapis d'Alfred Porteneuve d'après un dessin de Jacques-Emile Ruhlmann, 1935 (Galerie Maxime Flatry).
Matthew Avignone
Des œuvres choisies
Avec des pièces de mobilier, Marie-Anne Derville effectue donc un travail d’ensemblière, de curatrice dans une expression de son style en accord avec la rigueur et l’audace d’Andrée Putman. Elle apporte des tableaux : une œuvre de Branzi, une photographie de Warhol, une impression de Joseph Beuys dans la pièce principale, des céramiques de Laure Prouvost, et des œuvres et objets de la galerie Maxime Flatry. « On a démarré en même temps avec Maxime, on s’échange des pièces… » Des fauteuils d’André Groux, des pièces de Jacques Adnet, des lampadaires modernistes et années 1930 qu’il lui laisse en dépôt… l’ensemble forme un décor mouvant qu’affectionne la décoratrice, avec des pièces de collection qui passent dans l’espace avec lesquelles elle choisit de vivre avant de le parfois les vendre ou de les remplacer par d’autres. « J’aime l’idée des œuvres par terre, elles changent de place, elles bougent. Il y a ici tout un mélange de choses qui ont de la valeur et d’autres très simples, telle cette affiche de Cy Twombly qui a pour moi une valeur symbolique folle mais une valeur commerciale faible. »
On note dans la cuisine les rebords de fenêtres qui se déplient pour former des étagères, accueillant masques africains ou vase de fleurs. Sur la table, la céramique Théière langue, de Laure Prouvost, 2017 (Galerie Nathalie Obadia). Devant, un fauteuil colonial de style africaniste, 1940.
Matthew Avignone
Une élégance radicale
Dans la cuisine, une cheminée est intégrée au mobilier en placage de poirier créé par Andrée Putman en 1990. On aperçoit un service en porcelaine d'Andrée Putman, 1990.
Matthew Avignone
La cuisine possède un accès direct à un grande terrasse. Sur les étagères, un masque en bois égyptien, ca. 1500-664 av. J.-C. (Galerie Chenel). Devant, une chaise de Philolaos Tloupas, 1965-1970 (Galerie Maxime Flatry). On aperçoit sur la terrasse des fauteuils de style colonial africaniste (1940).
Matthew Avignone
Dans le salon aussi, les rebords de fenêtres ont été dessinés par Andrée Putman pour intégrer des tablettes qui se tirent ou se rangent selon les besoins. Celui-ci accueille une tête de femme romaine en marbre, début du IIe siècle ap. J.-C (Galerie Chenel).
Matthew Avignone
Dans la chambre, des panels d'Andrée Putman intègrent une feuille de paille entre deux feuilles de verre. Au-dessus d'une chaise bistrot classique, une peinture de Giulia Andreani, Augusta Savage, 2019.
Matthew Avignone
Au-dessus du lit, une Oeuvre de Youssef Nabil, 2011 (Galerie Nathalie Obadia).
Matthew Avignone
Dans le dressing, devant la console en placage de poirier d'Andrée Putman (1995) et ses deux miroirs de forme géométrique différente, des chaises de Pierre Staudenmeyer, ca. 1989 (Ketabi Bourdet). Dessus, une œuvre d'Andrea Branzi.
Matthew Avignone
Dans la salle de bains, une baignoire aux pieds boules, devenue un classique d'Andrée Putman, 1990. Au mur, une peinture d'Hadrien Jacquelet, 2020. Au premier plan, une chaise de Nordiska Kompaniet, 1925 (Galerie Maxime Flatry).
Matthew Avignone
Carrelage en carrés blancs et plan de vasque et crédence vert amande accueillent une photographie d'Agnès Varda, Cheminée rue Daguerre, 1959 (Galerie Obadia) et une sculpture anonyme africaniste des années 1950.
Matthew Avignone
La décoratrice et design advisor Marie-Anne Derville.
Matthew Avignone
Vue de la terrasse sur la cour d'honneur de l'hôtel d'Hallwyll de Claude-Nicolas Ledoux (1767-1787).
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