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Dans le salon, devant un canapé Extrasoft de Piero Lissoni (Living Divani), une table basse birmane, le tout surplombé d’un parapluie traditionnel, également birman, transformé en abat-jour. La bibliothèque a été fabriquée sur mesure et le bureau conçu par Marc Regnault de la Mothe.
© Ramona Balaban
Vivere Venezia, c’est le nom du cabinet d’architecture qu’Elisabeth Regnault de la Mothe a ouvert dans cette ville dont elle est tombée amoureuse lorsqu’elle était étudiante. Pour elle, vivre à Venise, c’est adopter chaque jour son rythme tranquille, sa sociabilité spontanée. Et, à une période où le patrimoine culturel et esthétique exceptionnel de la Cité des Doges reste à préserver et à valoriser, la longue restauration de son appartement sis dans un palazzetto gothique s’inscrit dans cette philosophie : « La structure de cette maison est typique des bâtiments de l’époque, avec un seul étage plus le grenier, probablement habité par une famille entière. Au début, la bâtisse était en mauvais état, les particularités architecturales ayant été recouvertes par des dizaines d’interventions ultérieures, avec des espaces subdivisés pour obtenir des pièces supplémentaires. Même les arcs des fenêtres, pourtant splendides, avaient été dissimulés. Nous avons voulu redonner sa grâce originelle à cet appartement où mon fils Marc, qui travaille pour les Nations unies, revient chaque fois qu’il veut se sentir “à la maison”. »
Dans le salon, devant un canapé Extrasoft de Piero Lissoni (Living Divani), un échiquier trône sur la table basse. Lampadaire Arco d’Achille et Pier Giacomo Castiglioni (Flos).
© Ramona Balaban
Situé près de l’église Sant’Alvise, dans le quartier de Cannaregio, le palazzetto a été restauré de fond en comble, permettant aux sols en terrazzo d’être sauvés, et aux plafonds – abaissés au fil des ans par des couches de plaques de plâtre – de retrouver leur hauteur. Des poutres ont été excavées, « dont une couverte d’un dessin au fusain. Nous avons un moment espéré qu’il avait été tracé par Dürer, qui vivait dans ce quartier au XVIe siècle », se souvient Elisabeth Regnault de la Mothe. Dans le pur style vénitien, le plâtre des murs, de couleur bordeaux comme certains velours Bevilacqua, Rubelli ou Fortuny, crée une illusion de profondeur.
Sur le buffet, une lampe Tiffany. La peinture à l’huile, un cadeau, est d’un artiste inconnu.
© Ramona Balaban
Vénitien aussi, l’attrait pour l’Orient que la propriétaire a infusé dans cet appartement, à travers une série d’objets et de meubles acquis au cours de missions à l’étranger : un lit chinois à baldaquin « entièrement démontable en panneaux et sans un seul clou », précise la maîtresse des lieux, un vase birman en forme de pagode pour les offrandes rituelles Hsùn-ok en bambou noir, des parapluies traditionnels birmans transformés en abat-jours, une table basse, également birmane ; dans le salon, un Bouddha thaïlandais sur la bibliothèque faite sur mesure et des blasons en argent de différentes tribus ivoiriennes. « L’Orient et l’exotisme sont dans notre ADN, confie Elisabeth Regnault de la Mothe. Je suis moi-même née en Tunisie, puis j’ai déménagé à Rome et je me suis installée à Venise. » Pour y rester.
La cuisine, toute simple, est ouverte sur le séjour. Au-dessus de la cuisinière (Veneta Cucine), les carreaux proviennent de Tunisie. Le sol en terrazzo vénitien est d’origine.
© Ramona Balaban
Les origines tunisiennes de l’architecte se retrouvent dans les carreaux décorés des murs de la cuisine et de la salle de bains. Quant aux meubles contemporains, ils créent un dialogue harmonieux bien qu’inattendu avec des pièces ethniques – un canapé Extrasoft de Piero Lissoni, une lampe Arco d’Achille et Pier Giacomo Castiglioni, une cuisine minimaliste Veneta Cucine – pour s’intégrer à cet intérieur profondément vénitien. Comme aime le dire l’architecte, « les véritables Vénitiens sont ceux qui ont choisi de l’être ». Pour mieux embrasser l’insolente beauté et les paradoxes de la Sérénissime.
Dans la chambre, un lit à baldaquin chinois et, au plafond, un parapluie birman transformé en abat-jour.
© Ramona Balaban
L'architecte Elisabeth Regnault de la Mothe.
© Ramona Balaban